Pour Lionel Deloingce, défendre l’industrie meunière est un combat de tous les jours. Il souhaite réhabiliter ce métier méconnu du grand public, parfois décrié, souvent attaqué et pourtant si incontournable. Il veut une meunerie française tournée vers la modernité, vers le numérique et les jeunes générations. Tout un programme !
ATTRACTIVITÉ. JE CONNAIS LIONEL DELOINGCE DEPUIS
de très longues années. 20 ans peut-être. J’ai observé son parcours de jeune meunier, de jeune entrepreneur, et maintenant de jeune Président de l’Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF). J’ai été témoin de ses combats. J’ai partagé ses convictions. Il a toujours voulu apporter une parole de raison quand les débats faisaient rage au sein de la Meunerie Française, alors que le secteur connaissait une terrible restructuration et de fortes dissensions. Il a su porter, quand il fallait, un message de réconciliation mais aussi de remise en question et d’espoir pour ce métier. Désormais, il souhaite non seulement réhabiliter la meunerie auprès des jeunes, mais aussi moderniser les outils de production et engager la filière dans l’ère du numérique.
UNE INDUSTRIE ENCORE PLUS MODERNE
Son message, il ne cesse de le rappeler : « la compétitivité passe aussi par la modernisation constante des outils de production et le numérique constitue une nouvelle phase clef que les meuniers ne rateront pas. Nous devons rappeler que la meunerie française est une industrie moderne, technique et technologique », martèle Lionel Deloingce à qui veut l’entendre.
Pour lui, les entreprises de la meunerie doivent reprendre la place qui leur est due, malgré les difficultés et les entraves fiscales ou réglementaires. « Même si nous avons su maintenir emplois et stabilité en 2016, le secteur de la Meunerie reste fragilisé. La Taxe Farine est un sujet central pour nous, car injuste. Cette taxe grève lourdement la compétitivité de la profession, sa croissance même, en créant une inégalité de traitement fiscal dans le secteur agroalimentaire », affirmaitil encore avec conviction fin septembre dernier, lors de la dernière Convention de la Meunerie Française à Paris.
ÊTRE TOUJOURS PLUS COMPÉTITIF
Mais la compétitivité des meuniers français ne passe pas uniquement par des allègements fiscaux ou réglementaires. Comme le rappelait Jean-Philippe Girard, Président de l’ANIA, à l’occasion de cette Convention, la filière doit aussi « prendre des initiatives, aller de l’avant, se mettre en ordre de bataille. » Des propos qui trouvent un écho très favorable chez Lionel Deloingce. « La Meunerie doit aussi montrer son vrai visage pour attirer les meilleurs profils. Le lancement de notre projet “Meunerie 2020” en est le meilleur exemple», précise le président de l’ANMF. Un projet ambitieux qui prône une vraie prise de conscience des meuniers français pour l’avenir de la profession, auquel il croit fermement. « Mais nous n’arriverons à ce processus de modernisation que tous ensemble. Plus que jamais, nous devons rester unis pour être cohérents. Rester indépendants dans nos entreprises, mais nous rassembler au sein de la filière dans un même projet, une même direction, pour répondre aux nouvelles exigences de nos clients et des consommateurs. Nous devons fusionner nos intelligences, rassembler nos forces, c’est désormais vital.»
UN MÉTIER PLUS ATTRACTIF
Autre sujet lui aussi primordial pour Lionel Deloingce, celui de l’attractivité du métier. « Préparer l’avenir, c’est aussi s’intéresser aux jeunes et les inciter à choisir le métier de meunier. En leur proposant des emplois attractifs et en assurant l’accès à la formation tout au long de leur carrière. Afin de pouvoir transmettre ses connaissances, la meunerie a, d’ores-et-déjà, initié une réflexion pour la conception d’une “bibliothèque des savoirs” en meunerie et plus largement pour les industries céréalières. Ce projet devra s’inscrire dans la continuité des formations diplômantes existantes qu’elles soient initiales ou continues», précise-t-il. Enfin, pour le Président de l ‘ANMF, la tenue des Etats Généraux de l’Alimentation est un moment à ne pas rater, et la meunerie française se doit d’y faire entendre sa voix. « L’ANMF entend y être pleinement actrice et force de propositions en apportant son expertise et sa contribution au travail collectif qui vise à définir les modèles de production alimentaire de demain.» Un moment pour montrer que la filière blé-farine-pain est prête à répondre aux grands défis de l’alimentation de demain « qui permettra d’envisager l’avenir sous les meilleurs auspices», conclut Lionel Deloingce.
Laurent Estèbe
Rédacteur en chef HONORE LE MAG